Les gardiens de la faune : qui sont-ils ?
Depuis plus d’un siècle maintenant, des hommes et des femmes se battent pour préserver les écosystèmes africains. Les animaux sauvages qu’ils abritent sont le premier motif de ces projets de conservation de grande ampleur, tout comme la flore de chaque biome.
Ce sont ainsi plusieurs milliers de personnes qui dépendent de la protection des animaux sauvages sur le continent africain. Ils sont à la fois ceux qui les connaissent le mieux et ceux qui en parlent avec le plus de justesse. Conservateurs à la tête d’une réserve, agents territoriaux, rangers ou guides, ils connaissent leur belle nature sur le bout des doigts.
Chaque année, des victoires sont célébrées par les défenseurs de l’environnement, souvent lors de l’inscription des droits des animaux sauvages et des populations dans les textes de loi. L’objectif étant que chacun réussisse à vivre harmonieusement avec l’autre, sans jamais se nuire.
Les safaris qu’ils nous permettent de vivre, au cœur de nos séjours de vacances, sont la plupart du temps leur principale source de revenus. Voici quelques récits de membres du personnel engagés pour la conservation de la faune sauvage afin de mieux comprendre tous les enjeux des parcs et réserves d’Afrique.
Sommaire
- Protection de la nature : les entités publiques en première ligne
- Les conservateurs, des femmes et des hommes de terrain
- Les rangers ou gardes forestiers, maillons de la conservation
- Témoignage d’Eddy, guide de safari au Botswana
- Quel est le rôle du guide dans tout ce travail de conservation ?
- Comment soutenir plus concrètement ces projets de conservation ?
Protection de la nature : les entités publiques en première ligne
Dans chacun des pays que l’on peut visiter au cours de séjours de safari, il existe des entités publiques au service de l’environnement. On les nomme SANparks en Afrique du Sud, TANAPA en Tanzanie, Kenya Wildlife Service (KWS) au Kenya. En Namibie, c’est le ministère de l’Environnement, des Forêts et du Tourisme qui les administre tandis qu’ils relèvent du Département de la Faune et des Parcs Nationaux au Botswana.
Ils sont les premiers gestionnaires de l’environnement, même si l’on retrouve ensuite en seconde ligne des organisations, des associations et des groupes privés dans la gestion des espaces naturels protégés en Afrique. Ensemble, ils mènent des travaux de conservation de grande ampleur.
Chaque aire naturelle est donc gérée par un organisme public ou privé qui protège les espèces sauvages et leurs habitats. Ils sont chargés de faire respecter les réglementations et lois relatives au braconnage. Leur objectif est de permettre à la nature de s’épanouir et aux populations locales de mieux vivre grâce à elle.
Près des ¾ des financements de ces entités sont liés au tourisme et aux safaris réalisés au sein des réserves et des parcs protégés. Des plans de conservation sont établis pour chaque aire naturelle et visent à associer protection de l’environnement, tourisme durable et vision d’avenir.
Les conservateurs, des femmes et des hommes de terrain
Les gouvernements choisissent des conservateurs qui orchestrent toutes les démarches liées à la conservation. En Tanzanie par exemple, 4 assistants principaux de conservation se partagent les parcs nationaux du pays en fonction de leur localisation : nord, sud, est et ouest.
Steria Ndaga est assistante de conservation pour les parcs tanzaniens de la zone sud. Elle doit alors prendre en charge tout ce qui touche, de près ou de loin, aux parcs et réserves qui la concernent : questions d’accessibilité, de sécurité, de financements, projets de sauvegarde ciblés… C’est aussi à elle de superviser la création des brochures et des pages d’information de “ses” aires protégées sur le site des TANAPA.
Les conservateurs de chaque pays doivent faire respecter les accords fixés lors des chaque « Convention sur la Diversité Biologique » de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature), et particulièrement les « Autres mesures de conservation efficace par zone » (en anglais OECM). Parmi les objectifs mondiaux fixé et atteint figurait celui de parvenir en 2020 à une couverture de 17 % des aires terrestres protégées sur le globe et 10 % d’aires marines.
La somme de ces aires naturelles protégées devra être égale à 30 % de la surface de la Terre en 2030… Ce sont alors les conservateurs de chaque région, province ou partie d’un pays, qui doivent s’assurer que les aires protégées qu’ils supervisent poursuivent bien ces objectifs mondiaux et qu’ils continuent de croître, tout en étant correctement sécurisées.
Les rangers ou gardes forestiers, maillons de la conservation
Louise de Bruin, responsable de Game Rangers' Association of Africa revient pourtant sur les nombreuses difficultés de son secteur : « Protéger la nature, alors que nous sommes en sous-effectif partout et que le changement climatique bouleverse les écosystèmes, cela devient aujourd’hui très compliqué. »
Elle précise : « Notre dernière étude prouve que les moyens financiers investis par les gouvernements devraient être au moins triplés, tout comme le nombre d’employés dans ces aires protégées. Mépriser les besoins, tout en laissant des hébergements se construire un peu partout pour gagner plus, c’est mettre en danger nos écosystèmes ».
Les rangers en Afrique surveillent parfois des territoires de plusieurs centaines de kilomètres carrés, autant dire que si des braconniers s’y installent, ils peuvent œuvrer en paix pendant plusieurs jours avant d’être localisés. La protection directe des animaux est pourtant leur première mission.
Les associations et ONG estiment un besoin actuel global d'environ 3 millions de personnes, dont plus de 1,5 million de rangers, pour protéger correctement les parcs et réserves du monde. Ils sont les garants de la sécurité des animaux mais aussi de celle des touristes et des guides qui sillonnent chaque jour cette nature merveilleuse.
Témoignage d’Eddy, guide de safari au Botswana
Eddy Everaerdt est guide au Botswana et accompagne toute l’année des amateurs de safari en Afrique. Il a obtenu une licence officielle de guide auprès du gouvernement en 1997, après la constitution d’un dossier et une épreuve théorique. Au Botswana, c’est en effet l’État qui accrédite les guides et qui renouvelle leur agrément chaque année.
Au Botswana, les guides sont classés en fonction de leurs capacités d’encadrement et Eddy Everaerdt est doté du plus haut grade, celui qui permet d’accompagner ses clients pour des safaris à pied dans les parcs nationaux. Il est tombé amoureux du Botswana avec sa femme Mano, tous les deux Belges à l’origine, et ont ouvert leur propre agence de guide de safari nommée « Kalahari Skies ».
Passionné d’ornithologie et de toute la faune botswanaise, Eddy est capable de renseigner tous les voyageurs sur l’histoire et la nature de son pays d’adoption. Il sait reconnaître les plantes, les reptiles, les mammifères, les oiseaux, survivre dans la savane, monter la garde et agir en cas de problème.
Quel est le rôle du guide dans tout ce travail de conservation ?
Selon Eddy Everaerdt,les fonctions du guide de safari ne s’arrêtent pas à la description de la nature. Elles contiennent évidemment une grande part de sensibilisation à la fragilité de la nature. Ils sont amenés à souligner, chaque jour, la beauté de la nature et à révéler ses fragilités.
Le guide précise : « Lors de chaque séjour, j'essaie d'expliquer aux clients les dangers qui menacent la faune : le braconnage, la pression humaine, le changement climatique… La plupart des voyageurs ignorent tout cela. Ils viennent juste pour faire de belles photos et vivre un voyage dépaysant. ».
Selon Eddy, le rôle des guides est bien d’expliquer aux voyageurs tous ces aspects moins lumineux des safaris. Il semble important de les intéresser aux enjeux actuels de conservation et pourquoi pas, de leur proposer d’y prendre part financièrement.
Les guides de safari sont constamment confrontés aux ravages du changement climatique : rivières et marais asséchés, chemins migratoires bousculés, animaux qui ne parviennent plus à trouver de l’eau ou qui voient leurs territoires grignotés par la montée des eaux ou par son absence… Les guides doivent comprendre, expliquer et agir à leur manière en sensibilisant le grand public.
Comment soutenir plus concrètement ces projets de conservation ?
Le tourisme est, nous l’avons dit, le premier moyen de financer les travaux de conservation. Chaque ticket d’entrée dans un parc national ou une réserve publique permet de soutenir directement ce système de protection de l’environnement. Chaque nuit passée dans les hébergements officiels également et chaque activité de safari (canoë kayak, parachute, safaris à pied, safaris nocturnes, escalade…) réservée auprès des autorités.
L’argent récolté permet de payer le personnel des aires protégées et de financer toute la logistique d’un parc : rangers, soigneurs, interventions vétérinaires, entretien des routes, des infrastructures et des flottes de véhicules… Derrière chaque parc se cachent en effet des centaines d’employés qui font vivre à leur tour en local des centaines d’autres personnes.
Vous pouvez également soutenir ces efforts de conservation en faisant des dons aux différentes associations qui œuvrent à la sauvegarde de cette nature incroyable. Vous pouvez acheter directement du matériel, en fonction des besoins des organisations, ou verser de l’argent et percevoir ensuite une réduction fiscale sur vos impôts français.
Plusieurs associations ou entreprises vous proposent enfin de réaliser des séjours de safari avec une mission de bénévolat. Vous payez vos billets d’avion, comme pour venir en vacances dans ces pays d’Afrique, mais plutôt que de vous prélasser sur la plage ou dans la piscine d’un lodge, vous travaillez auprès des animaux sauvages blessés ou dans des sanctuaires spécialisés. Un très bon moyen d’agir tout en découvrant une autre culture.